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Papier et /ou numérique

 

« C’est moins lourd qu’un livre papier, pensez donc, une bibliothèque dans un lecteur de quelques centaines de grammes ! »

« C’est moins cher : le livre à portée de toutes les bourses, mais c’est merveilleux ! » Voilà ce qu’on entend le plus souvent quand on  parle du livre numérique.  Mais ne s’agit-il vraiment que de kilos et d’euros ?

Autre argument : « C’est nouveau ! » Bien sûr ! Le fameux «  il faut vivre avec son temps. » C’est vrai, mais, le temps de l’émerveillement passé, c’est ici que doit commencer la réflexion. Faut-il, sous prétexte de suivre des progrès technologiques en perpétuelle évolution aller jusqu’à envisager et même souhaiter que le livre numérique remplace un jour le livre papier ? Ce n’est pas en ces termes qu’il faut poser un problème inévitablement philosophique. L’essentiel n’est-il pas en réalité, de déterminer jusqu’où peut aller la dépendance de l’homme face à l’envahissement de la technologie et aux nouveaux pouvoirs qu’elle génère ? L’avenir ne peut-être imaginé à partir de modèles véhiculés par les jeunes générations, enthousiastes et déjà conquises. Dans quelle mesure ne sont-ils pas les signes évidents de manipulations dont, cibles fragiles, elles seraient déjà les victimes.

On vous suit à la trace chaque fois que vous utilisez votre carte bancaire ou votre portable. Vous devenez aussi facilement localisable qu’une sardine balisée remise dans les eaux de l’Océan Indien. Vous êtes filmé (e) dans la rue. Vos conversations téléphoniques sont surveillables, vos courriels aussi. Le serez-vous chez vous (et dans votre lit) à travers ce que vous téléchargez et lisez ? Quoique vous fassiez, et quel que soit le vecteur, les puces électroniques ne vous quittent plus. Votre profil commercial pour les uns, politique pour les autres (c’est à envisager) rejoindra le grand catalogue qui s’écrit sur la toile. Il n’est pas difficile pour un George Orwell d’imaginer ce que sera 2084. Et alors ? me direz-vous. Alors, n’arrêtons pas cette réflexion en si bon chemin. Une œuvre écrite ayant pour seul support le numérique devient totalement virtuelle donc effaçable à souhait et bonne pour la poubelle de la mémoire. Quelques mots-clés glissés dans le filtre et c’est tout un pan de l’information ou de la culture qui est occulté. Cela fonctionne déjà dans certains pays. Les Gardes Rouges sont devenus inutiles. Il n’est même plus nécessaire d’acheter des allumettes pour organiser un autodafé. Quelques clics suffisent.

Le journal est déjà numérique. La tablette allait sauver la presse. Fort bien, on pouvait le croire… jusqu’à ce qu’un des concepteurs annonce le lancement de son propre quotidien. En sera-t-il de même pour le livre ? Les comités de lecture seront-ils, à l’avenir, choisis et appointés par les grands du numérique plus soucieux de vendre leur matériel que des ouvrages ? Auront-ils encore leur utilité et un bon formatage du lecteur (et de la lectrice) ne suffirait-il pas ?

Monopoles, dictatures et à nouveau l’ombre de ce bon Orwell qui se dessine. Brrr… ! Est-ce vraiment ce que souhaitent les auteurs de demain ?

En ce qui me concerne, je m’empresse de numériser ce texte et de le publier avant qu’il ne soit trop tard.

                                                                                                                                                               

Marcel Baraffe auteur de Ultiméa aux éditions Chloé des Lys et de Comme une vague inquiétude aux éditions L'Harmattan.                                              

Tag(s) : #Pensées
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