Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

 

Comme une vague inquiétude est un roman, un vrai roman. D’abord, et pour rassurer le lecteur, il y a une histoire avec des personnages et une fin, une véritable fin, comme dans les romans : quelques dernières pages venant jeter leur éclairage sur le récit et rendant l’ensemble évident et cohérent. « C’était donc ça ! » a-t-on envie de dire en lisant les dernières lignes. Mais quel parcours, avant de retrouver, après une incursion dans des mondes étranges, une inquiétante réalité, la nôtre, celle de l’individu confronté aux menaces de nouvelles formes d’aliénation !

 

C’est ce thème, parmi d’autres, qui domine le roman. Aux formes d’asservissement brutales imposées par les idéologies totalitaires illustrées par l’aventure de Rutuf, l’un des personnages, se sont substitués d’autres moyens plus sournois mais aussi efficaces, forces invisibles tapies derrière les pièges d’une technologie dominatrice. Peut-on en vouloir alors à cet autre personnage cherchant à se soustraire à leurs effets tout en traînant, du début à la fin, sa vague inquiétude et une persistante douleur à l’oreille ?

 

L’inquiétude, voilà le mot-clé du roman. « La météo, la guerre. La pluie, la brume, les bombes, pas d’avis de guerre en cours ou prévu. Nous rappelons…br…auditeurs…cr…prévisions… 48 heures maximum… »  Et puis, cet univers étrange, « une autre réalité qui  le fait observateur, objet fixe de l’espace regardant d’autres objets définis habituellement comme fixes et qui contrairement à toutes lois physiques, échappent continuellement à leur forme unique à trois dimensions pour revêtir, sans jamais cesser d’être eux-mêmes, une multitude d’aspects dont le nombre lui paraît infini. » Comme dans un rêve, comme dans un cauchemar.

 

D’autres thèmes ? Bien sûr ! Une réflexion, au fil des pages sur l’écriture, la création littéraire, les livres, la lecture, les relations de l’auteur avec ses personnages qu’il rencontre, des êtres bien souvent curieux, au demeurant :  « Il se dit qu’il doit faire bonne figure parmi toutes ces créatures dont il est le géniteur spirituel. Il sent monter en lui une pointe d’amour paternel et protecteur. Il s’approche de l’une d’elles…  —  Ne dites surtout pas qui vous êtes…Qui sait s’ils ne continuent pas à vous haïr tous ? » L’écologie aussi (comment ne pas y échapper ?) : les villes sales et bruyantes ; les forêts qu’on abat ...Et tant de choses encore.

 

Une œuvre où se mêlent réalité et fantastique ; une fiction apparemment bien pessimiste s’il n’y avait cette silhouette féminine, souvent invisible mais si présente, surtout lorsqu’elle évoque la poésie, la musique, «  Elle s’assied sur le sable chaud et regarde la mer. Elle trempe le doigt dans l’écume fraîche qu’une vague apporte jusqu’à son pied. L’écume est une encre. Elle calcule combien de sonnets, villanelles, rondels, ballades, elle y puiserait… » et l’amour :  « Elle est nue. Elle s’allonge dans l’eau du fleuve. Son corps immobile est un radeau. De la rive là-bas, c’est lui ; enfin lui ! Il lui fait signe. Elle lui fait signe. Elle l’accueille. Elle l’emmène… »

 

Un sixième roman, quatre romans historiques sur la Chine et, avec l’avant dernier Conte de la neige et du vide, un basculement vers le merveilleux, une rencontre entre les mondes de l’histoire et de l’imaginaire transposée dans notre présent (notre futur ?) avec Comme une vague inquiétude.

 

Tag(s) : #Comme une vague inquiétude
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :